Pierre Frégeac, président du Fonds d’action Saint-Viateur : «LE FASV EST L’EXPRESSION DE LA FIDELITE ET DU LIEN QUI UNIT ENCORE BEAUCOUP DE FRANÇAIS A BEAUCOUP D’IVOIRIENS»

Publié le par inconu

Professeur au collège Saint-Viateur de Bouaké dans les années 1970, M. Pierre Frégeac a créé depuis bientôt une décade, une association d’hommes et de femmes--pour la plupart des Français-- ayant séjourné et travaillé en Côte d’Ivoire.
De ce profond amour pour ce pays est né "Le Fonds d’action Saint-viateur", un portail d’actions éducatives et de développement; qui vient d’initier, avec l’aide de la fondation Orange Côte d’Ivoire Telecom, un projet pour la scolarisation de 280 filles à Bouaké au centre de la Côte d’Ivoire.Une opérattion pour laqueelle Pierre Frégeac était récemment en Côte d'Ivoire.


Pour parler du projet dénommé "280 bourses pour l’égalité des chances à Bouaké", comment vous est venu l’idée et comment comptez vous le réaliser ?
Le problème de l’enseignement catholique en Côte d’Ivoire, contrairement au passé, c’est qu’il n’y a plus d’élèves affectés par l’Etat. Et par conséquent, aussi modestes que soient les frais de scolarité, dans les régions qui sont en plus très affectées, une bonne partie de la population n’a même pas les moyens de les payer. Au point que les effectifs de ces établissements sont insuffisants, puisqu’ils sont loin de faire le plein. L’enseignement à Bouaké est à peu près à la moitié de son effectif occupé. Et pour éviter ce gâchis d’avoir des places libres et inoccupées, nous avons recherché des fonds pour pouvoir attribuer des bourses. Ceci, pour profiter des capacités de formation qu’offrent ces établissements qui ont tout le corps enseignant depuis le primaire jusqu’à la terminale.

Quel est le contenu de ces bourses ?
Ces 280 filles vont bénéficier de bourses privées dont la valeur équivaut à la moitié de la scolarité. La fondation Orange de Côte d’Ivoire Telecom, que nous avons sollicitée, a promis nous aider à hauteur de 20 millions de FCFA, à raison de 10 millions par année scolaire. C’est le paiement de cette première tranche qui a donné lieu à la cérémonie de signature de convention entre cette fondation et le fonds d’action Saint-Viateur le 15 octobre dernier. Nos deux structures sont toutes deux, très sensibles et très intéressées par la formation, l’éducation et l’émancipation des femmes à travers l’éducation des jeunes filles.


Concrètement, à combien s’élève ce projet en terme de coût?
Ces bourses attribuées représentent un budget de 19.658.957 FCFA (30.000 €). Soit 39.316.914 FCFA (60.000 €) pour les deux années que vont durer ce projet. Une fois qu’on aura démontré que c’est une bonne idée et que ça a bien fonctionné, alors nous identifierons avec les responsables qui sont sur place, en premier lieu, les élèves méritantes et dans le besoin. L’objectif est d’étendre cette aide à la scolarisation, à d’autres établissements confessionnels.

Pourquoi exclusivement les filles comme bénéficiaires de ce projet?
Les filles, c’est un choix stratégique de France Telecom, en général et de la fondation Orange en général. C’est vraiment un parti pris de promouvoir les femmes, puisque elles sont tout aussi méritantes et qu’elles doivent prendre leur place dans la société. Elles ont donc besoin d’un coup de main supplémentaire. C’est une aide à l’amélioration de la condition des femmes, qui sont souvent plus vulnérables et encore d’avantages victimes de situation de guerre, de crise et qui sont donc plus souvent déscolarisés ou pas scolarisés au bénéfice des garçons.

Comment s’est fait le recrutement des 280 filles qui ont bénéficié de cette bourse?
C’est le directeur général de Saint-Viateur de Bouaké et son équipe qui s’en sont chargés. C’est une sorte d’appel à candidature qui débouche ensuite sur l’étude des dossiers. Après cette étape, les parents des élèves retenues sont rencontrés. Chacun essaie de bien comprendre le bien fondé de ce projet qui prend en compte à la fois la valeur et le potentiel de l’élève ainsi que la faiblesse des moyens des parents. Ce sont là, les principaux critères à remplir pour mériter cette bourse.

Qu’est-ce que c’est que le Fonds d’action Saint-viateur ?
C’est une association d’anciens professeurs, de coopérants techniques, de chercheurs, de cadres d’affaires et de toutes sortes de personnes, des Français pour la plupart, qui ont travaillé, enseigné, séjourné en Côte d’Ivoire. Tous restent attachés et fidèles à ce pays ; raison pour laquelle ils ont voulu à travers ce que l’on a appelé un portail d’action éducative et de développement, apporter leur contribution aux Ivoiriens qu’ils considèrent un peu comme une partie de leur famille. Cela parce qu’ils sont très attachés au souvenir qu’ils ont de leur séjour en terre ivoirienne. De l’accueil qu’ils ont reçu ici, du travail qu’ils y ont fait. Le Fonds d’action Saint-viateur, est l’expression de la fidélité et du lien qui unit encore beaucoup de Français à beaucoup d’Ivoiriens

D’où vous est donc venu le nom Saint-viateur qui ramène à la ville de Bouaké ?
Le noyau qui a permis la création du fonds d’action Saint-Viateur il y a de cela bientôt dix ans, est effectivement, un noyau d’anciens coopérants de cet établissement. Au départ, il y en avait cinq, dix puis cinquante et maintenant nous sommes au nombre de 850 membres.

Quelles sont les actions de ce fonds ?
Nous apportons des aides concrètes en matière de dons de fournitures, d’équipements et d’équipements pédagogiques, pour les écoles, les bibliothèques, de matériels informatiques pour à la fois les centres d’apprentissages et bien sûr pour les écoles. On fournit aussi bien également sur le plan humanitaire notamment quand la crise battait son plein. Nous avons fourni des denrées alimentaires, on fournit encore régulièrement des médicaments. Nous avons encore aujourd’hui, un container qui est en train d’arriver avec deux tonnes de médicaments d’un coût de près de 39 millions 360 mille FCFA (60.000 €), fournis par des entreprises françaises ; du médicament que nous avons sollicité et nous les attribuons et les répartissons ici.


Quels sont les principaux bénéficiaires de vos dons ?
Nous aidons plusieurs centres de santé, dispensaires, infirmeries très divers, à Korhogo avec le centre d’orthophonie que nous soutenons, aussi bien qu’à Abidjan et dans bien d’autres villes. Au total, 25 structures sanitaires à Abidjan et à l’intérieur du pays sont régulièrement approvisionnées en médicaments par notre structure.
Nous apportons aussi une assistance aux trois établissements que sont le Lycée Charles Lwanga de Ferkessédougou, et les collèges Saint-Viateur de Bouaké et d’Abidjan. Nous sommes l’un des plus gros fournisseurs de fauteuils pour handicapés.

Comment vous y prenez-vous pour avoir tout ce matériel ?
Nous collectons toutes sortes de matériels. Nous avons donc plusieurs lieux d’enlèvements, de stockages, ensuite de groupages et d’expéditions au départ de France. Ce qui donne une valeur d’aide qui est infiniment supérieur même au budget proprement dit. Vous devez sûrement avoir des moyens colossaux pour réaliser tous ces projets ?
En gros, le budget du Fonds d’action Saint-Viateur pour une année est d’environ 131.091.400 FCFA (200.000 €). Mais on considère que la valeur de l’aide apportée est de 10 fois l’argent investi, puisque nous bénéficions de dons que nous allons chercher en France auprès des particuliers et aussi auprès d’associations qui elles mêmes s’occupent de collecter pour ce type de répartiteur, pour les distributeurs que nous sommes. Notre originalité, c’est que nous avons un grand nombre de membres en France. Beaucoup d’entre eux sont extrêmement actifs à leur tour. Ils collectent des fonds dans leurs écoles, dans leurs paroisses et dans leurs entreprises.

Comment avez-vous réussi à convaincre la fondation Orange Côte d’Ivoire Telecom de vous accompagner dans ce projet ?
Il y a maintenant une nouvelle tendance. Que ce soit dans les pays développés ou moins développés. Les fondations privées interviennent de plus en plus dans le champ de l’éducation et de la santé en contribuant à son financement. Il y a des exemples très célèbres dans le monde avec des hommes comme Bill Gates ou encore Bill Clinton qui ont leur propre fondation. Les chefs d’entreprises se lancent de plus en plus dans ces activités éducatives et humanitaires et ils le font avec une plus grande préoccupation d’efficacité et de résultat.
C’est dans cette dynamique qu’est s’est engagée la fondation Orange Côte d’Ivoire Telecom de prendre cette initiative. Tout ce que nous pouvons souhaiter, c’est qu’elle soit un exemple suivi. Car les Etats n’ont pas forcement les moyens, la volonté, la capacité ou bien ne détectent pas les choses qu’il faut entreprendre et qu’il faut faire.

C’est donc l’initiative privée qui prend le pas ?
Les entreprises ont aussi besoin d’avoir une légitimité sociale. Nombreuses sont les entreprises qui sont considérées à tort comme étant des prédateurs. Mais pour essayer aussi de corriger cette image, elles doivent rendre d’avantage visibles ce qu’elles apportent. Au-delà de la création d’emplois de la création de richesses qui leur profitent et qui bénéficient aux pays où elles opèrent, elles doivent aujourd’hui avoir des activités complémentaires d’aides directes aux populations. Dans certains pays, des systèmes de défiscalisation de dons sont mis en place afin d’encourager les entreprises à poursuivre ces actions. Les Etats ont enfin compris qu’ils ne peuvent pas tout faire et que souvent, les fonds sont mieux gérés et mieux adaptés quand ils sont gérés à de petites échelles.

Interview réalisée par:
Hervé Koutouan
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